Edito

29 avril 2025

Développer une recherche adaptée à la réalité des patients suivis en ville

Le Dr. Emile Escourrou, médecin généraliste en région Occitanie, a intégré un réseau de recherche en soins primaires (le réseau Multidisciplinaire Universitaire de recherche en Soins primaires dans les Territoires ou MUST), labellisé par F-CRIN, dès sa création en novembre 2024. Pourquoi s’engager dans la recherche en soins primaires ? Comment en parler à ses patients ? C’est ce qu’il nous explique.

« En médecine générale, les recommandations abondent pour le diagnostic, pour le soin, pour la prévention. Mais elles sont bien souvent issues de recherches conduites à l’hôpital, sur des patients standardisés, dans des contextes cliniques maîtrisés, n’intégrant pas nécessairement la complexité et l’hétérogénéité des patients soignés en médecine de ville.
Il est donc essentiel de disposer de données issues des soins primaires pour adapter les recommandations de prise en charge à cette population. C’est là tout l’intérêt de disposer de réseaux structurés de recherche en soins primaires. S’impliquer dans la recherche est très stimulant, cela permet de produire des connaissances fondées sur la réalité quotidienne des cabinets de ville, pour le plus grand bénéfice des patients que nous soignons. »

Pour mémoire, les soins primaires concernent les acteurs de premier recours qui délivrent des soins de proximité aux patients avec un suivi prolongé : médecins généralistes, pharmaciens, kinésithérapeutes, infirmiers, auxiliaires médicaux, etc.

Comment parlez-vous de recherche à vos patients ?

« J’essaye de leur présenter clairement et avec précision, j’explique que participer à une recherche est important pour eux, pour les autres patients et pour les futurs patients.
Ces recherches sont strictement encadrées bien sûr elles doivent être validées par un comité de protection des personnes. Les patients sont toujours bien informés et donnent leur accord librement.
Il y a une relation de confiance avec nos patients, nous les connaissons très bien, depuis longtemps, nous connaissons leur histoire, ce qui aide beaucoup à ouvrir le dialogue avec eux sur les recherches que nous menons et auxquelles ils pourraient participer.

Les recherches conduites vont porter essentiellement sur des procédures diagnostic, des procédures de prise en charge de maladies, des actions de soins comme l’activité physique adaptée, la prévention, le dépistage et les procédures d’évaluation de ces prises en charge. Les recherches conduites correspondent au champ des compétences de la médecine de ville. 

Aujourd’hui, La structuration d’un réseau de recherche comme le réseau MUST est très importante car cela correspond à une véritable démarche académique de recherche, basée sur un réel questionnement scientifique. Cela permet un continuum entre la formation des médecins lors de leurs stages et leur pratique quotidienne.
L’apport d’un réseau national est aussi essentiel pour établir des liens entre les différentes régions, pour avoir un langage commun, pour réaliser des recherches avec beaucoup plus de puissance.

Il faut savoir aussi que certaines recherches actuelles se font avec peu de moyens, donc une structuration nationale est essentielle pour les organiser et leur donner une réelle valeur qui pourra peser dans l’élaboration des recommandations nationales, qui permettra de les publier, de mettre en place des cohortes de patients au niveau national, donc de disposer de données bien corrélées avec la réalité de terrain.
Et avec des données structurées, avec un réseau construit, les échanges avec les pouvoirs publics sont aussi beaucoup plus pertinents.

On commence à avoir des maisons de santé pluridisciplinaires universitaires, le collège national de généralistes enseignants, comme promoteurs de ces études. En attendant ce développement plus marqué, les CHU apportent un soutien indispensable pour assurer les exigences réglementaires et administratives. Les collaborations se renforcent. Les lignes bougent.

Soutenir la recherche en soins primaires est une nécessité. Pour replacer le patient de soins premiers — celui que nous voyons tous les jours — au centre de la décision médicale. Pour que les recommandations ne viennent plus seulement de cohortes spécifiques, mais aussi d’ici, de nos cabinets, de là où vivent les patients, de nos territoires, de notre expérience collective. »

 

Pour en savoir plus : le réseau MUST se déploie progressivement dans plusieurs régions françaises, dont l’Île-de-France, les Pays de la Loire et l’Occitanie, avec l’objectif d’étendre sa présence à l’ensemble du territoire dans les cinq prochaines années.
Un exemple récent est la participation au projet international COLCOT-T2D, étude évaluant l’efficacité de la colchicine et de l’aspirine chez les patients diabétiques de type 2 pour la prévention des maladies cardiovasculaires.

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