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05/07/2023

[Edito] « Répondre à des questions spécifiques à la pratique en soins primaires »

Le Prof. Julie Dupouy est médecin généraliste, directrice adjointe du département universitaire de médecine générale de la faculté de santé de Toulouse et le Prof. Cédric Rat est médecin généraliste, directeur du Pôle Fédératif des Soins Primaires et du département de médecine générale de la faculté de médecine de Nantes. Ils sont co-responsables du secteur recherche du Collège National des Généralistes Enseignants. Ils nous expliquent pourquoi et comment se développe cette recherche conduite pour une large part par des médecins généralistes, par des professionnels de santé exerçant en cabinet de ville, en maison de santé, une recherche adaptée à leur pratique quotidienne.

La recherche en soins primaires s’intéresse tout particulièrement à l’organisation des soins, aux parcours de soin des patients, à l’accès au soin et aux collaborations interprofessionnelles dans les soins primaires. Les thèmes peuvent être très divers : interventions visant à optimiser des prescriptions de médicaments (par exemple sur les antibiotiques, les inhibiteurs de la pompe à protons), des processus de prévention et dépistage, travaux d’épidémiologie des pathologies courantes, recherche-actions sur la mise en place de nouvelles organisations, études sous la forme d’expérimentations financées au titre de l’article 51, par exemple sur la mise en place de microstructures médicales addictions (nouvelles organisations de soin entre médecin généraliste, travailleurs sociaux, et psychologues) dédiées au traitement des addictions, analyses de bases de données (SNIRAM, SNDS).

Les professionnels ont fait le constat que les patients qui étaient inclus dans les essais cliniques ne correspondaient pas totalement aux patients qui étaient vus dans les cabinets de ville, ces derniers ayant des caractéristiques beaucoup plus diverses avec souvent beaucoup de comorbidités. De ce fait, l’application stricte des recommandations officielles devient un exercice complexe pour ces médecins qui doivent les interpréter, les adapter au profil de chacun de leurs patients.
Un exemple est la poursuite de l’utilisation des statines dans le grand âge. Cette question est typique de la pratique de la médecine générale car ces patients ne sont pas traités à l’hôpital mais suivis par les médecins généralistes. Une question pour le médecin généraliste est « Est-ce que je peux arrêter le traitement sans prendre de risque ? ». L’étude SAGA, actuellement est en cours chez les médecins généralistes, vise à répondre à cette question qui ne sera jamais traitée par la médecine hospitalière car les patients très âgés sont suivis au quotidien par les médecins généralistes.

La promotion des études en soins primaires peut être réalisée par les maisons de santé pluridisciplinaires universitaires, par les CHU, ou par les promoteurs académiques ou industriels (par exemple pour les essais vaccinaux). Elles doivent bien entendu suivre la réglementation en vigueur. Pour les études impliquant des personnes, elles doivent obtenir un avis favorable d’un comité de protection des personnes ou l’avis d’un comité d’éthique.
Ces recherches nécessitent la mise en place d’un d’appui à l’investigation permettant de consacrer du temps au recrutement des patients, à leur suivi. Cette organisation d’une équipe projet – pour permettre le suivi des patients et le recueil des données – doit être anticipée dès la conception de la recherche afin de ne pas freiner le recrutement et la participation des patients.

Le développement de la filière universitaire de médecine générale, en lien avec le Collège National des généralistes Enseignants (CNGE), est un appui structurant pour la recherche en soins primaires, en sensibilisant les médecins généralistes à ces problématiques et en leur proposant des mises en place d’études et de formations complémentaires adaptées. Une organisation en réseau commence à se mettre en place, notamment avec la structure F-CRIN pour aider, avec le CNGE, à animer et structurer ces recherches menées dans les cabinets médicaux, lieu d’exercice du médecin généraliste, c’est à dire au plus près des patients concernés.

Au total, la recherche en soins primaires doit permettre de mener les études dans les lieux où consultent quotidiennement les patients, et pour permettre à tous un accès à des soins de qualité.

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